Par définition, la pédophilie est l’attraction érotique à l’égard des enfants ou encore l’attirance sexuelle d’un adulte pour les enfants.
Les dégâts physiques et psychologiques causés par les agressions sont souvent considérables du fait du très jeune âge de la victime et de l’agressivité considérable libérée par l’auteur.
Pédophilie avec ou sans passage à l’acte
Un individu qui présente une préférence sexuelle pour les petits peut très bien ne jamais passer à l’acte, que ce soit pour des raisons morales, par timidité, manque d’occasion, peur du châtiment ou pour tout autre motif. Bien que n’ayant jamais eu de relation sexuelle avec un enfant prépubère, il est pourtant un pédophile.
Il faut donc distinguer ceux qui se contente de fantasmer et ceux qui vont jusqu’au passage à l’acte, tout en gardant à l’esprit que les « fantasmeurs » courent un risque de passage à l’acte dans l’avenir si un événement déclencheur se présente.
Ainsi sont les pédophiles situationnels qui resteront des années à fantasmer jusqu’au jour où un affect négatif intense (solitude, humiliation), ou un déséquilibre affectif dans leur vie privée (perte d’emploi, rupture sentimentale, conflit interpersonnelle), réveille des pulsions agressives pédophiles jusque-là dominées.
Les psychologues nord-américains ont cherché à mettre au point des techniques qui permettent d’évaluer les préférences sexuelles déviantes pour les enfants et de mesurer leur intensité au moyen de techniques phallométriques (sismographie pénienne) ou présentation de photos ou films. On enregistre les réactions d’érection suite à des récits de scénarios d’actes pédophiles. Ces mesures objectives serviraient à différencier, entre autres, les agresseurs sexuels de ceux qui n’en sont pas et les différents types d’agresseurs sexuels.
ATTENTION : La pédophilie ne doit pas être confondue avec les pères incestueux.
5 éléments permettent de préciser cette distinction :
Les motivations sont différentes : le père incestueux n’éprouve pas une attirance sexuelle spécifique pour les enfants.
Le contexte est différent : l’inceste se situe à l’intérieur de la cellule familiale alors que la pédophilie s’exerce en dehors de l’institution familiale, sauf exception.
Contrairement au père incestueux, le pédophile choisit sa victime (critère d’âge, apparence physique, approche progressive).
Le traitement n’est pas le même : on ne prescrit jamais de ttt antihormonaux à des pères incestueux.
Le drame vécu par la victime est différent : l’enfant violé par son père est trahi par celui qui devait le protéger. Le traumatisme psychologique est autre s’il s’agit d’un agresseur extérieur à la famille.
Le pédophile peut être célibataire ou marié, homosexuel ou hétérosexuel, ou encore bisexuel. Habituellement, le pédophile marié n’agresse pas ses propres enfants. Le père incestueux ne sévit pas hors de sa famille.
Concernant l’âge des agresseurs, on remarque :
80% des pédophiles ont moins de 40 ans
80% des pères incestueux ont plus de 40 ans.
Antécédents judiciaires :
Pour les violeurs, 70% ont été condamnés pour d’autres délits (vol, escroquerie, falsification, bagarre, état d’ivresse)
Pour les pédophiles, 20% d’entre eux ont des antécédents judiciaires
Pour les pères incestueux, 5% seulement.
Les pères incestueux sont souvent bien intégrés socialement ayant un travail régulier où ils sont appréciés, une vie familiale stable.
Les pédophiles exercent ou ont souvent exercé des activités en liaison avec des jeunes (centres de loisir, école, sport, vacances). Enfin, il faut noter que 50% des agresseurs sexuels ont eux-mêmes subi un traumatisme sexuel dans leur enfance dont habituellement, ils n’ont pas parlé et qui se révèle au procès ou au cours des expertises.
Ce trauma sexuel est à prendre en compte même s’il n’est pas suffisant pour expliquer la reproduction des mêmes actes à l’âge adulte. L’identification à l’agresseur est cependant une hypothèse plausible dans certains cas.
Typologie des pédophiles
De nombreux critères permettent de tenter une classification des pédophiles.
On peut retenir :
Les préférences sexuelles : certains pédophiles agressent indifféremment fillettes ou garçonnets, d’autres se fixent sur les garçons ou, au contraire, spécifiquement sur les filles. Ils ont donc des préférences bisexuelles, homosexuelles ou hétérosexuelles.
L’attrait sexuel : il peut être exclusif et limité aux enfants, ou non exclusif, c’est-à-dire concerner aussi bien des adultes, des adolescents et enfants.
Le type d’atteinte sexuelle : certains actes pédophiles se résument à du voyeurisme, de l’exhibitionnisme et des attouchements. D’autres visent la pénétration orale, anale ou vaginale, ce sont des viols. D’autres encore y ajoutent le sadisme avec tortures et actes de barbarie. D’autres enfin vont jusqu’au meurtre, soit pour faire taire l’enfant soit pour effacer toute trace de l’acte commis.
La stratégie utilisée : il peut s’agir d’une relation établie de long terme entre le pédophile et l’enfant avec des marques d’affection… ce peut être au contraire une agression brusque, soudaine et violente.
La façon de passer à l’acte : le scénario pédophile peut utiliser la séduction (gentillesse, caresse), la ruse (bonbons, cadeau, demander un service), la menace (sur l’enfant ou sur la famille) ou la force (maintien, coups, drogues).
Les traits de personnalités :
- Immaturité avec fixation à une sexualité infantile. La sexualité du pédophile est restée fixée à un stade archaïque, il rejoue avec les enfants sa propre sexualité infantile.
- Régression suite à des frustrations affectives et sexuelles avec des adultes. Le pédophile a réussi l’accès à une sexualité génitale adulte mais, suite à des échecs, il n’a pu s’y maintenir et revient à une sexualité infantile plus facile, moins frustrante.
- Désir de puissance plus aisé à exercer sur des enfants que sur des adultes. La volonté de puissance du pédophile obtient davantage de satisfaction avec des enfants, les adultes étant plus opposants, moins dociles.
- Sadisme : plaisir à humilier et faire souffrir sa victime. Certains pédophiles s’acharnent sur de jeunes victimes plutôt que sur des adultes.
Dans la presque totalité des cas, le pédophile est de sexe mâle. L’utilisation d’alcool comme désinhibiteur ou excitateur est souvent mentionnés ainsi que des détériorations physiques et sociales dues à une ivresse répétée. C’est très souvent un récidiviste même après une période d’incarcération. Il peut s’agir d’un malade mental (psychose, schizophrène, atteinte organique cérébrale – mais c’est rare – ou de dégénérescence).
Comprendre les traits de personnalité des pédophiles
Il n’est pas possible de comprendre le type de pédophile « fixé » ou « régressé » ou encore « sadique » sans faire référence au développement de la condition humaine telle que l’ont défini Freud et la psychanalyse.
La sexualité humaine se développe successivement au cours de plusieurs étapes et en fonction des zones érogènes (bouche, anus, pénis). Au début de la vie sexuelle du bébé, c’est l’auto-érotisme, le corps tout entier est pris comme objet de satisfaction (la peau, la vue, l’ouïe, le toucher, la voix). C’est le narcissisme, l’amour porté à son propre corps.
Le stade oral
Une personne restée à ce stade, a tendance à valoriser les activités buccales (baisers, alcoolisme, boulimie, fellation, morsures, succions, destruction de l’objet).
Le stade anal
Une personne restée à ce stade, a tendance à valoriser la possession, la domination, les sodomies, et le sadomasochisme. Il a aussi un rapport particulier à l’argent (avarice, appât du gain ou prodigalité (générosité), dépenses inconsidérées, dilapidation des biens).
Les pulsions orales et anales sont appelés pulsions partiels et doivent, dans le développement normal, être unifié dans le stade suivant appelé stade phallique ; ce stade est caractérisé par le primat des organes génitaux. Certains individus restent fixé à ces stades infantiles où la sexualité est polymorphe car elle se développe tous azimuts : voyeurisme, exhibitionnisme, fellation, sodomie, sadomasochisme…
Le stade génital
Le plaisir sexuel est lié de façon prédominante au sexe et tient compte de la relation avec le partenaire.
Certains individus qui avaient atteint ce stade de maturation ne parviennent pas à s’y maintenir en raison de difficultés relationnelles ou de chocs émotifs et régressent aux stades antérieurs (oral-anal) et sont soumis aux pulsions partielles au mépris de la relation avec autrui.
On peut donc classer les agresseurs pédophiles en 5 groupes principaux tout en sachant que ces différentes catégories ne sont pas complètement indépendantes les unes des autres.
Type pédophile « fixé »
Il s’agit d’un être très immature, affectivement carencé, fixé à une sexualité infantile. Ce que l’on sait sur la carence affective (en. = maternal deprivation) c’est qu’elle trouve sa source, en bas âge, dans un manque flagrant de stabilité et de continuité dans le contact avec la figure maternante.
La relation qu’établit tout carencé est caractérisée par une immense avidité orale qui se dirige vers n’importe quel objet.
En conséquence, la recherche de contacts fébrile et dans l’urgence, tout en étant vide d’un élan relationnel réel. C’est une satisfaction éphémère « feu de paille ». Le carencé paraît naif et innocent, puéril et se voulant attachant.
Il existe deux sous-types :
Le type passif-dépendant
Il a vécu de multiples abandons et déplacements sans mobiliser son agressivité. Il manifeste toujours sa soumission, son désir de plaire, d’obéir, de répondre aux attentes des autres, sans s’opposer. Il a peur du rejet et est « collant ».
L’abus sexuel est un comportement d’incorporation. Il « suce » un peu de contact affectif pour faire taire sa sensation de vide intérieur. Il approche souvent un enfant inconnu de lui, de n’importe quel sexe, le leurre avec un bonbon, un jouet ou un peu d’argent et l’attire dans un endroit tranquille pour divers attouchements et frottages, masturbations et fellations. Les contacts sont facilement sexualisés puisqu’il a appris à se satisfaire par des autostimulations et le fait qu’il a souvent été lui-même victime d’abus sexuels.
Le type agressif-dévorant
Tout comme le type passif-dévorant, celui-ci a connu une première enfance avec abandons, ruptures et déplacements mais il a mobilisé son agressivité à cet égard. Il a développé une « rage orale », une faim dévorante de contacts humains qui a pour but de se gratifier (mais n’est jamais satisfait) et de punir l’autre jamais valorisant.
La revendication est omniprésente ainsi que l’agressivité, la violence, le désir de détruire, d’abîmer, de casser, de s’opposer à toute règle ou contrainte. Il a souvent été abusé sexuellement dans l’enfance et s’identifie à l’agresseur.
L‘abus sexuel est aussi un comportement d’incorporation mêlé à celui d’attaque.
Il cherchera d’abord à séduire un enfant mais deviendra vite violent si celui-ci résiste.
Il est donc capable d’actes destructeurs, de viols, d’atteintes corporelles et justifie ces agissements par des revendications agressives de justice et de présumés droits avec désinvolture et cynisme.
Type pédophile « régressé »
C’est habituellement un pédophile hétérosexuelle ; l’individu a eu un développement sexuel normal, a vécu au moins une relation génitale adulte avec une compagne mais n’a pu se maintenir à ce niveau de satisfaction sexuelle et, en conséquence, régresse dans son choix sexuel vers les enfants pour parvenir à faire ce qu’il n’est pas capable de réaliser avec des adultes. Que ce soit des défaillances sexuelles, affectives ou sociales, ce pédophile se tourne désormais vers les jeunes de son voisinage, de sa famille, au cours de rencontres fortuites ou dans le cadre de sa profession.
Il explique qu’il se sent plus à l’aise avec des enfants, il aime côtoyer, jouer avec eux. Il est en général bien accepté par eux ; ils lui font confiance. Professionnellement, il a souvent choisi un métier qui le rapproche des enfants (enseignant, éducateur, animateur, ou encore prêtre). Il obtient des relations pédophiles (attouchements, fellation, sodomies, pénétrations vaginales) par séduction, persuasion, chantage, récompenses, sans violence physique.
Type pédophile « prépsychotique ou état limite »
Pour cet individu, la frontière entre la scène intérieure de son imaginaire et le monde extérieur est floue. Ce manque de délimitation est responsable de l’angoisse de morcellement encore appelé angoisse existentielle contre laquelle il lutte avec un arsenal de passages à l’acte pour maintenir sa fragile identité.
L’abus sexuel semble facilité par l’absence de frontières entre soi et l’autre, et donc par la sensation que l’autre est un prolongement de soi, une excroissance de son propre désir ou besoin. Le but est d’endiguer l’angoisse, et la sexualisation des liens avec les enfants est fortement rationnalisée. Il invente des théories éducatives, religieuses, cosmiques, délirantes. Les grands thèmes existentiels, la mort, Dieu, la nature, la sexualité se trouvent dans son agir délirant.
En ce sens, le jeune n’étant plus qu’un objet sexuel, est intégré dans son scénario imaginaire.
Par ex : l’enfant considérée comme un ange ou démon, tentateur a droit à une sexualité complète créée par mère nature…
Type pédophile « narcissique »
Lorsque l’enfant ne parvient pas à se différencier totalement de la mère, fantasmée comme toute-puissante, il ne peut qu’être frustré par la réalité et confronté à son impuissance et sa petitesse. Pour s’en protéger, il devra se constituer un « soi grandiose » pour se maintenir dans l’illusion de la dyade mère-enfant.
Ce type de pédophile se sent grandiose, invulnérable, exceptionnel et libre de toute angoisse. C’est un charmeur, un séducteur, un manipulateur. Il utilise la tendresse, l’attention bienveillante, l’influence, le charme. Il chercher à conquérir l’affection de l’enfant. Il est très sensible à la beauté de son corps. Il s’identifie à lui. C’est une esthète (=Personne qui affectionne l'art et la beauté), un délicat, un sensuel un amoureux des formes et des couleurs.
C’est le type même du pervers qui utilise l’enfant comme outil, un miroir narcissique ou allié potentiel qu’il incite à la débauche. Il met en avant des principes de beauté et de perfection dans la mise en scène de scénarios élaborés, filmés, échangés avec d’autres pervers.
Type pédophile « psychopathe »
Comme le narcissique, il s’est trouvé piégé dans la relation symbiotique à a mère fantasmée mais, pour préserver cette illusion, il utilisera l’exploitation et l’agressivité face à autrui. Il est libre d’angoisse et de culpabilité. Ce qui lui est nécessaire, c’est la recherche constante d’une source d’excitation. Il n’a pas de spécialisation, c’est un pédophile bisexuel qui saisit toutes les opportunités. Il veut obtenir rapidement la satisfaction sexuelle sans prendre le temps de séduire. Il a recours à la force, la violence, la menace. Devant le danger d’être découvert ou dénoncé, il peut décider d’éliminer la victime. Il a souvent un comportement antisocial dès l’adolescence avec des fugues, des crises de violence, des bagarres, des vols de voiture, des dégradations de matériel. Il a plusieurs fois été condamné pour des délits mineurs répétitifs, à la recherche de conduites à risque et excitantes. Il redoute l’ennui et la monotonie dans la vie.
Comme on le constate, les motivations des pédophiles sont nombreuses et variées. Selon qu’ils sont restés fixés à une sexualité infantile ou qu’ils ont régressé, les risques de récidive ne sont pas les mêmes, pas plus que les ttt et les aides thérapeutiques. Ceux qui sont restés fixés à une sexualité archaïque continueront de rechercher du plaisir avec des enfants, malgré la peur de la sanction, les condamnations, malgré parfois un suivi thérapeutique et une lutte personnelle et active pour contenir les pulsions. Ils avoueront « c’est plus fort que moi, voir un enfant m’excite sexuellement ».
Les traitements pourront être de type médicamenteux ou comportementales avec des résultats mitigés en dépit de la bonne volonté du pédophile et de sa famille. Très souvent, ils ne sont pas demandeurs de soins.
Ceux qui ont vécu une sexualité adulte avec un partenaire consentant mais qui ont régressé vers une sexualité infantile de façon accidentelle, ont peu de risques de récidiver. Ils comprennent le sens de la sanction, reconnaissent leurs erreurs, craignant la condamnation et sont accessibles pour un ttt (traitement) thérapeutique pour retourner vers une sexualité d’adulte. Leurs problèmes sont en général d’ordre psychologique (inhibition, manque d’assurance, crainte de la femme, complexe d’infériorité).
Ils peuvent être traités par un sexologue en cas de troubles de l’érection ou d’éjaculation précoce, par ex.
Il est donc important au plan criminologique et thérapeutique de pouvoir distinguer les types de pédophiles afin d’adapter les mesures adéquates.
UN OUVRAGE FONDATEUR POUR MOI EST : une psy à la prison de Fresnes de Bernadette Surig !
Cette ouvrage vous apprendra pas mal de choses concernant les viols, les meurtres, l'inceste, la pédophilie, et en bonus il y a à chaque fois des études de cas très détaillés ! A lire vraiment !
Aurore
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